CIP
di Corradino Seddaiu [*]
Architectes-designer-artisan, PRÌA travaille pour la construction d’une architecture simple, ancrée et pérenne. De la matière à l’ingéniosité collective, leurs projets s’inspirent des savoir-faire traditionnels fondés sur l’utilisation rationnelle des ressources du site afin de développer des réponses constructives responsables. Antoine, Elsa et Giacomo opèrent entre les Alpes-Maritimes, la Corse, la Ligurie et le Dodécanèse. Dans leur atelier, ils conçoivent l’architecture comme un élément du paysage qui contribue à sa continuité. Leur pratique interroge ainsi le territoire par l’expérimentation in-situ et la rencontre des disciplines qui œuvrent à sa transmission et à son devenir.
Guidée par la toponymie et les traces d’anciennes collectes d’argile à petite échelle insulaire, Elsa découvre l’ancienne carrière de Peri dans le cadre de la résidence artistique Fabbrica Design. Son expérience du lieu et une recherche sur les émaux de céramique à partir de l’argile du site donne corps à une réflexion continue au sein de Prìa, autour de la préservation et valorisation des paysages naturels aux géologies particulières. Par l’approche de la matière, le paysage peut être révélé à travers ses aspects les plus subtils. Ainsi, en partant d’une certaine force ou fragilité du paysage, un objet ou une architecture peut être conçue comme une extension de ce dernier.
Les nourritures terrestres
En examinant de près les détails qui composent les horizons internes d’un paysage, nous comprenons que nous sommes entourés de processus naturels en constante évolution où toute forme de vie dépend du milieu environnant avec lequel nous interagissons. Le paysage change lentement au fil du temps, et l’érosion des pierres est un phénomène crucial pour nourrir le sol. Chaque élément d’un milieu participe à la transformation continue du paysage, en se dégradant et en étant absorbé pour former un autre corps. La circulation de l’eau sur un relief entraîne les minéraux des roches à se dissoudre et se recomposer pour devenir argile et nourrir les substrats nécessaires aux plantes, aux animaux et aux humains. Ainsi, chaque espèce absorbe les mêmes minéraux qui composent le sol, toutefois en proportions variées selon leurs besoins et leurs structures. Lorsque la végétation brûle et retourne à la terre, on parle de minéralisation du sol, car ses cendres font désormais partie du règne minéral et enrichissent à nouveau la terre.
Les relations minérales d’un corps à un autre posent la question de notre alimentation dans ce cycle, et nous ramènent à la source d’une culture culinaire profondément enracinée dans ses territoires. Comment pouvons-nous sortir de la vision mécaniste de notre corps pour retrouver notre place dans l’environnement en utilisant le rituel de l’alimentation comme un moyen de le faire? Comment pouvons-nous redécouvrir la nourriture comme un soin? Où pouvons-nous trouver d’autres formes d’alimentation qui nourrissent, et guérissent à la fois?
“Les nourritures terrestres” les synergies minérales présentes dans certains milieux naturels de l’île en utilisant la pratique des émaux de céramique. Les émaux sont créés à partir d’argile et de cendres végétales collectées sur place, qui sont ensuite soumises à haute température pour fusionner les minéraux qu’elles contiennent et former l’émail sur la surface d’un grès.
Le projet consiste en une série de contenants en céramique, qui reflètent les nuances et les textures de fragments de paysages familiers. Ces objets sont conçus pour capturer la composition des substrats naturels, qui sont le témoin de l’altération lente du paysage géologique et souvent difficiles à observer à l’œil nu. Avec cette série d’objets simples, nous souhaitons évoquer ou inviter à reconnaître la vitalité des paysages dans lesquels nous vivons en éveillant nos sens.
Certains des contenants sont conçus pour être utilisés pour la cuisson sur le feu. Ils sont inspirés du fucone – foyer traditionnel de l’île – qui a été transformé pour permettre de superposer les contenants les uns sur les autres, avec de la fumée qui entre pour donner aux plats une saveur fumée. En effet, c’est par la symbiose des senteurs qui enrobent la nature que nous développons nos sens gustatifs. Notre perception et notre appréciation des aliments sont influencées par ce que nous mangeons et par l’environnement dans lequel nous vivons. Ce projet est une invitation à contempler la nature comestible à travers les éléments naturels qui la composent.
Je suis retournée sur les pas de Pauline Avrillon, résidente de Fabbrica Design en 2017, pour collecter les argiles de l’ancienne carrière de Peri. En piochant dans les mêmes veines, j’ai remarqué un changement d’état déjà perceptible à travers les résultats différents obtenus à partir des échantillons de terres collectés cinq ans plus tard. C’était comme un retour au contenant même du paysage. La carrière de Peri est un exemple de ces sites qui, par leur intérêt géologique, ont subi une autre forme d’altération intensive et ponctuelle par l’action de l’homme.
Malgré les plaies ouvertes de l’exploitation, le paysage de la carrière de Peri dégage une énergie paisible. La biodiversité y est florissante, avec la cohabitation d’un couple de berger et de leurs chèvres, des abeilles, et d’une végétation qui subsiste sur ces flancs d’argile. Ce site soulève une question importante: au-delà de leur intérêt géologique, quels devenirs imaginons-nous pour ces paysages naturels, véritables écrins de biodiversité nécessaires à d’autres formes de nourriture?
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O quant’elle ci scorghjanu quelle cose chì ci campenu in giru; À spessu ci vole à qualchissia affaccatu da luntanu, chì ci u ci dicessi ellu, u nostru; Soca, à principiu ci hè vulsutu à caccià ci le d’in trà li pedi, quelle cose, è fà ci capace d’avvicinà le di manera più ghjusta, assirinate, cappiendu u mendu, battendu a larga cù rispettu, chì ùn si principiava à capisce u Naturale solu à tempu ch’ella ùn si capia più, propiu quand’omu sintia ch’ella era altru, quella realità chì ùn ci s’inframette, ch’ùn dà significatu da percipisce ci, hè solu tandu ch’omu era isciutu d’ellu, sulignu, fora di un mondu, disertu. È cusì chì ci vulia, ch’è no turnessimu l’artisti ch’ellu fece di noi; ùn ci tuccava à sentelu da sughjettu, in quantu chè significatu ch’ellu pigliava per noi, ma cum’è un ogettu, quant’una realità, tamanta, quindi.
Hè cusì ch’omu avia scumbattutu cù l’omu in tempi ch’ellu si pitturava in grande; ma l’omu era per bazzicà, incertu, è a so fiura era per scioglie si, impussibule guasi à tuccà. A Natura ella, era capace à stinzà si la in tempi è lochi; ogni mossa li venia più larga, ogni riposu più faciule, di solitudine cintu. Ci era in senu à l’omu una nustalgia quand’ellu ammintava u soiu, cù quelli versi di billezza sprupositata, chì parianu quelli d’una rialità, nè mancu, sprusitata, è funu cusì nati quelli paesi induve nunda ùn si passa. Omu hà pintu diserti di mari, case bianche sottu à i so ghjorni piuvicinati, strade senza un fiatu viaghjerinu, è l’onde più suligne chì ci lascianu u mottu in pettu.
Più l’affannu si ne svinia, megliu si parlava quella lingua, è più faciule ne vinia l’usu. Omu pigliava fondu à mezu à e cose chete chete, u so versu pigliava a forma di lege, senza attesa nè mancu spacintata. È li passavanu è vinia à cantu l’animali, cheti è facianu quant’è elle, cù a notte è u ghjornu, sottumesse à listesse lege. È quandì l’omu, dopu, si facia entre per stu locu, da pastore, da paisanu puru da figura in fondu di a pittura, s’avia persu ogni pratesa, è si vidia ch’ellu bramava d’esse una cosa solu.
Sviluppatu ch’ellu s’era, quellu arte di u paisaghju, quella transfurmazione di u mondu fattu pianu pianu paisaghju currisponde à l’evoluzione longa di l’omu. Ciiò chì si vedia à nantu à e fiure, ciò chì si ne surtia, à l’inspinsata for’di a cuntemplazione è di u travagliu, ci insegna chì un tempu à vene era iniziatu propiu in senu à u nostru Tempu; chì l’omu ùn hè più l’essare suciale chì si tramuta à passu misuratu à mezu à i so pari, nè quellu ingiru à quale vocanu, matina è sera, u vicinu è u luntanu. Ch’ellu apppia postu à mezu à tante cose, una, solu, à l’infinita, è chì a cummunutà sana si sia scantata di e cose di l’omi, à mezu à un sprufondu cumunu da induv’elle surpanu suchju, e radiche di tuttu ciò chì cresce.
Dialoghi Mediterranei, n. 64, novembre 2023
[*] Abstract
In questa tappa, grazie a Vannina Bernard-Leoni e alla squadra di Robba, rivista di cultura corsa, abbiamo la possibilità di condividere su Dialoghi Mediterranei un progetto del Laboratorio Pria. Il laboratorio è costituito da architetti, designer e artigiani che si muovono fra le Alpi Marittime, Nizza, la Corsica e la Liguria. Il collettivo, formato da Antoine Gouachon, Elsa Molinard e Giacomo Monari, propone un’architettura semplice e durevole: «dalla materia all’ingegno collettivo, i nostri progetti trovano ispirazione attraverso la conoscenza basata sull’uso razionale delle risorse del luogo. La nostra pratica interroga i territori attraverso l’incontro di diverse discipline».
Il laboratorio concepisce l’architettura come un elemento del paesaggio che contribuisce alla sua continuità e lo interroga attraverso il lavoro direttamente sui luoghi. Elsa racconta nel suo articolo il progetto “cibi terrestri” chiamato così perché esplora le sinergie minerali presenti nell’isola per realizzare ceramiche. Raccoglie argilla e ceneri, testimoni della lenta alterazione del paesaggio con l’obiettivo di evocare e riconoscerne la vitalità.
Alcune ceramiche sono pensate per essere utilizzate in cucina sul fuoco e vengono da una cava abbandonata a Peri, comune di 1750 abitanti a 500 metri di altezza nella Corsica del sud. L’articolo si apre con Paisaghji, un testo di Rainer Maria Rilke scelto da Elsa e tradotto in lingua Corsa da Ghjacumina Acquaviva-Bosseur, antropologa all’Università di Corsica “Pasquale Paoli” a Corte. Un ringraziamento speciale a Vannina e a tutta la squadra di Robba per la disponibilità e la condivisione.
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Corradino Seddaiu, laureato in Sociologia a La Sapienza di Roma con una tesi dal titolo “Paesaggi culturali. L’esempio dei Saltos de Joss nella Sardegna nord orientale”, è Presidente dell’Associazione culturale ‘Realtà Virtuose’, che opera nel nord Sardegna, con l’obiettivo di promuovere lo sviluppo e la valorizzazione dei piccoli borghi con un’attenzione particolare alle tematiche ambientali e sociali locali orientate verso il cambiamento dei paradigmi in agricoltura e nel turismo. Membro della Rete delle associazioni della Sardegna, attualmente collabora con sociologi della musica e tecnici del suono per la realizzazione di una mappa sonora dei territori (fiumi, risorgive, borghi abbandonati, chiese, botteghe artigiane) al fine di creare un archivio sonoro a disposizione della collettività e di artisti che ne vogliano rielaborare i suoni e i rumori dando vita a musica e forme d’arte.
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